Comment j’ai (presque) aimé le Pu Er

Je n’aime pas le Pu Er (ou pu erh). Ce thé à l’odeur très forte m’évoque toujours la ferme, voire le fumier. Mais Yao et Xin de Goutte de Thé aiment les défis et elles ont pris le pari de m’en faire goûter.

Il faut dire que le Pu Er est un thé vraiment excellent pour la santé. Sans le savoir, je le connais en fait depuis mon enfance. Ma mère, à l’époque toujours au régime, buvait ce qu’elle appelait du tuo cha, une sorte de thé Pu Er réputé thé minceur que l’on trouve d’ailleurs dans les pharmacies et les rayons diététiques des supermarchés. Ce n’est pas un miracle mais il diminuerait l’assimilation des mauvaises graisses et augmenterait les capacités de l’organisme à faire fondre celles déjà stockées.

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Le Pu Er doit son nom à la ville chinoise Pu’er dans la province du Yunnan. Le Pu Er est fabriqué à partir d’un théier à très grandes feuilles. Les feuilles subissent d’abord une torréfaction qui tue la plupart des enzymes. Ensuite, c’est la sudation. Disposées en tas, les feuilles sont recouvertes d’une toile humide pendant 24h. Cette opération peut être renouvelée plusieurs fois. Le parfum du thé varie selon l’épaisseur du tas de feuilles et la durée de la sudation.

Le Pu Er est le seul thé qui, comme le vin, se bonifie avec le temps. La ville chinoise de Pu’er est d’ailleurs jumelée avec la ville viticole Libourne depuis 2012. Et dès décembre, une exposition au musée national du thé à Pu’Er mettra en avant les vins de Saint-Emilion – Pomerol – Fronsac. Pour en savoir plus, c’est par ici.

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On connaît souvent le Pu Er compressé sous forme de galettes ou de briques car cela facilitait son transport à dos de cheval jusqu’au Tibet. Les nomades tibétains étaient friands de ce thé, detox avant l’heure, qui contrebalançait leur alimentation très grasse (mais il faut bien tenir le coup dans ces froides contrées) à base de viande et de beurre.

Air de Montagne, le premier thé Pu Er que Yao et Xin m’ont fait goûté se présente sous forme de (très) grandes feuilles. La première infusion est très claire. Et malgré l’odeur marquée de sous bois humide, il se boit assez facilement et son petit goût de champignon n’est pas désagréable. Comme tout grand cru de qualité, ce Pu Er s’infuse plusieurs fois. Plus le nombre d’infusions avance, plus le thé fonce, prenant une robe presque rouge. Il prend aussi du goût.

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Les malignes ont commencé par un Pu Er assez léger pour m’attirer et faire tomber mes barrières. La suite s’est révélée un peu plus compliquée avec deux mini Tuo Cha en forme de nids d’oiseaux à faire infuser dans une petite théière en verre pour profiter du spectacle des feuilles qui se déploient (la mienne vient aussi de chez Goutte de Thé et est idéal pour faire infuser de multiples fois ses thés).

Le 604, mini Tuo Cha, a assez peu d’odeur sous sa forme compacte, mais dès qu’il est infusé, son odeur et son goût animal ressurgissent. La première infusion était agréable, mais j’ai eu beaucoup de mal à finir ma deuxième tasse. Quant à la troisième, elle était beaucoup trop boisée pour mon petit palais habitué aux thés tout doux.

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Le 654, un Pu Er cuit, a une odeur fermière qui me fait frémir. À l’infusion, j’ai l’impression d’être dans une écurie. Mais le thé a une magnifique couleur rouge sombre. On dirait presque du vin. Et le goût est bien moins fort que ce que laissait présager l’odeur. On a un peu l’impression de boire un bouillon où auraient infusé des champignons. Plus le nombre d’infusions augmente, plus ce Pu Er devient sombre mais le goût ne devient pas désagréable pour autant.

Le Pu the_comte1Er est un thé assez difficile d’accès et nombreux sont ceux, même parmi les teaaddicts, qui disent ne pas l’aimer. Mais finalement, quand on est guidé par des expertes (et quand on a affaire à du bon Pu Er), il vaut le coup d’être découvert. Bizarrement, il est assez réconfortant et je le trouve parfait pour les journées automnales pluvieuses. Lors d’une dégustation mets et thés au Palais des Thés, j’avais pu en goûter un associé à du comté. Le fromage et le thé se complétaient à merveille, chacun sublimant les saveurs de l’autre. À essayer avec la prochaine raclette ! Le Pu Er brule les graisses, c’est l’excuse parfaite pour faire fondre une douzième tranche de fromage !

3 comments

  1. framboise says:

    eh oui,le tuo cha était un geste quotidien, et pas désagréable pour rester mince, et…. manger du fromage!
    Ce n’est pas vraiment un mauvais souvenir, et c’était plutôt un moment agréable de la journée, pour prendre soin de soi….
    Finalement, ça n’a même pas dégouté Sarrousse, puisqu’elle est devenue une grande spécialiste du thé!

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