Pardon papa ou comment j’ai passe une nuit au Buddha-Bar Hotel

J’ai été élevé dans une famille très à gauche. Je ne suis pas devenue communiste, malgré ma passion pour la Russie mais j’ai quand même gardé de mon éducation un certain dégoût de l’injustice sociale.

Merci Marie-Claire !

Mais, pardon papa, quand j’ai gagné une nuit au Buddha-Bar Hotel, hôtel cinq étoiles parisien, j’ai accepté.

Faut dire qu’on avait bien besoin de repos après nos nuits entrecoupées de biberons et de changements de couches. Et quoi de mieux qu’un lit de 2 mètres de large (oui oui) pour goûter aux joies d’un sommeil réparateur. Et puis un forfait oreiller avec cinq modèles disponibles dans plusieurs tailles, c’était absolument indispensable pour profiter à fond de ce lit douillet.

Bon et si la chambre avait fait 9m2, on aurait été un peu à l’étroit avec ce gros lit au milieu. Du coup, on n’a pas dormi dans une chambre mais dans une suite. De 110m2. Avec un salon où on pouvait organiser un repas pour 12 convives. Oui oui, c’est plus grand que ma maison. T’as pas intérêt à oublier tes chaussettes à l’autre bout de la pièce quoi, parce que c’est trop fatigant d’aller les chercher. Bon de toute façon, pas besoin de chaussettes, pour ne pas avoir froid aux pieds, tu peux glisser tes pieds dans les douces pantoufles mises à ta disposition. Ça fait plus chic sur le parquet Versailles !

Bon mais des chaussons avec un jean, c’est pas très confortable. Il vaut mieux un peignoir. Alors, pardon papa, je sais que c’est pas très écologique, mais j’ai pris un bain dans l’immense baignoire, qui était tellement grande que je tenais allongée entièrement dedans. J’ai dû utiliser l’équivalent de 112 packs d’eau pour la remplir je pense. Et puis, il y avait à disposition plein de produits de beauté Ortigia, délicieusement parfumés à la fleur d’oranger. Il a bien fallu les tester. Du coup, on a pris une douche ET un bain. Faut dire qu’on aurait bien passé notre week-end dans l’immense salle de bains, avec toilettes chauffantes s’il vous plait (ça peut paraître bizarre au début mais c’est en fait drôlement agréable).

Bon et puis, pardon papa, je sais que là aussi c’est des déchets inutiles mais on a aussi profité des capsules Nespresso offertes. Bah oui, il n’y avait pas de bouilloire (booouuuh). Et sur la carte du room service, le thé était indiqué à 12€. Alors que c’est du Palais des Thés hein ! C’est bon mais ce n’est pas un thé ultra rare d’un petit producteur japonais. Bon en même temps, avec un petit paquet de Haribo à 8€ et des fraises séchées à 14€, un autre prix m’aurait étonnée. Et puis de toute façon, si on avait grignoté, on n’aurait plus eu faim pour le petit dej de folie le lendemain matin. Vous imaginez un buffet avec tout ce que vous voulez à disposition ? Des laits de toutes les sortes, des pancakes (j’en ai rarement mangé d’aussi bon), du saumon, du fromage, des fruits, des viennoiseries, des petits pains, des œufs préparés de toutes les manières que vous pouvez imaginer… Autant vous dire que je n’ai pas mangé le midi.

Surtout que la veille, on avait essayé le teatime.

Trois mignardises salées et deux petits desserts, accompagnés d’un thé ou d’un café, ça fait beaucoup pour un goûter. Pour Noël, le Buddha Bar propose une version spéciale fêtes de son teatime avec foie gras, saumon fumé, truffe et bûche au programme. Comme je suis casse-pieds, j’ai demandé une version sans viande et le chef en cuisine s’est décarcassé pour accéder à mes désirs (pardon papa mais c’est quand même pratique de faire croire qu’on est riches). Bon par contre, mon amoureux a été un peu déçu parce que lui aussi a eu le droit à la version sans viande : avec du tofu à la place du foie gras, il m’a un peu détestée ! Tout était absolument délicieux : saumon fumé des îles Féroé, crème de shizo vert et citron caviar, mini burger aux truffes avec un falafel (à la place du poulet) et de la mangue et cake au tofu et aux épices absolument délicieux.

Pour la partie sucrée, dur dur de choisir tellement tout avait l’air bon. Du coup, comme il y avait cinq possibilités, on en a pris deux chacun et on a partagé. J’ai adoré la bûche au cédrat et au yuzu, ultra fraiche et acidulé. La religieuse exotique, coco, mangue et passion était aussi parfaite. Et je suis tombée amoureuse de l’entremet au chocolat, sésame noir et orange. Un parfait délice ! J’ai moins aimé la tarte caramel et cacahuète mais bon, c’est vraiment parce que tout le reste était si parfait qu’elle m’a semblé un peu trop « commune ».

J’ai quand même un petit bémol à apporter à ce teatime (presque) parfait.

J’ai l’air de pinailler mais pour une teaaddict, le thé servi à un teatime, c’est quand même le point clé. Au Buddha Bar, la carte a beau annoncer des thés rares et d’exception, on a très vite fait de comprendre qu’il s’agit de thés du Palais des Thés. C’est une maison que j’aime beaucoup mais bon, niveau rareté, on repassera. J’ai choisi un Dong Ding, ce oolong que j’adore. La serveuse qui me l’a apporté dans une eau très très tiède m’a dit de le laisser infuser encore 3 minutes. Aucun sablier pour chronométrer, heureusement que j’ai toujours mon super minuteur sur moi. Mais une fois infusé, que faire de la passoire ? Je n’allais pas salir la jolie table laquée en posant mes feuilles toutes mouillées dessus. Donc tant pis, la première tasse était bonne mais celles d’après étaient un peu trop infusées. Bon, vous allez me dire, il aurait sûrement suffit de demander. Mais je ne suis pas habituée moi. Et puis je me dis que vu le prix du teatime (28€ quand même) tout se doit d’être parfait, non ?

Bon, alors que retenir de ce week-end ?

C’était une expérience sociale assez intéressante et bizarrement, je me suis sentie plutôt à l’aise. Bon sauf quand le bagagiste (je ne sais pas trop comment ça s’appelle en fait) m’a proposé de porter mon sac Primark (pardon papa, Primark, c’est pas très commerce équitable).

Mais quand on réfléchit deux secondes, ça donne quand même un peu envie de vomir. Penser qu’en une nuit, des gens dépensent un mois de mon salaire. Comment peuvent-ils être connectés avec le reste du monde et se rendre compte de comment vivent la plupart des gens ?

Alors finalement, merci papa. Je te fais passer pour un rabat joie mais je suis fière des valeurs que tu m’as inculquées. Et je me dis que, même si un jour je deviens très riche, je n’irais pas dans un cinq étoiles. Parce qu’après tout, une si grande chambre, ça fait trop mal aux jambes (et puis les lustres, ça fait une luminosité pourrie pour les photos).

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